Comme on en a parlé hier, et que je tiens à ce texte même si je ne joue plus Valkyrian, je poste ici le BG qui m'avait servi également de candidature pour entrer chez les Cornaline.
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La chaude lueur du feu de cheminée teintait de reflets rougeoyants la petite salle à manger, plongée dans la pénombre d’une nuit sans lune.
Alors que la cime des arbres, ballottée par le vent, semblait hésiter entre plusieurs directions, les gouttes d’une pluie cinglante venaient mourir sur les carreaux de la fenêtre.
Des murs épais de vieilles pierres contrastaient avec les tentures et les tapisseries finement brodées de scènes de chasses qui les recouvraient. Sur le vieux parquet abîmé par le temps couraient de gros tapis de soie riche, au dessus desquels avait été disposés un mobilier de luxe.
Aux vues de la salle à manger, la chaumière devait être belle et grande, mais bien trop petite pour accueillir un intérieur si empreint de noblesse.
Deux personnes étaient assises l’une en face de l’autre dans ce décor étrange et fascinant, séparées par la longueur exagérée d’une table de bois noir. Le crépitement des buches dans l’âtre accompagnait le timide cliquetis des couverts en argent que faisait Valkyrian en découpant lentement la pièce de chevreuil dans son assiette. Une posture renfrognée trahissait le manque d’appétit du jeune elfe, malgré une assiette copieuse aux parfums savoureux.
En face de lui, enfoncée dans un gros fauteuil de cuir, Yveen le regardait avaler sans entrain de petites bouchées du plat qu’elle avait pourtant préparé avec soin. Elle s’avança doucement, sortant de l’ombre du dossier de son siège, et posa avec des gestes lents et élégants une main sous son menton, tandis que l’autre saisissait un verre de vin quelle porta à ses lèvres.
Elle aimait regarder son fils. Elle connaissait de lui le plus petit détail, la moindre attitude, le sentiment le plus fugace, rien qu’en l’observant. Ce qu’elle aimait par dessus tout, c’était l’attendre derrière la fenêtre qu’il rentre de la chasse, ou de la ville.
A ces moments, tandis que Valkyrian remontait l’allée pavée de la chaumière, elle le contemplait plus qu’elle ne le regardait. Ses cheveux fins d’un noir aussi profond qu’un mauvais rêve, oscillants à la moindre brise d’air, encadraient un visage lisse et attirant. Ses yeux d’un vert intense, pétillants de vie et de curiosité, qui tentent de voir en vous dès que vous plongez dedans. Dessous, de petites pommettes que l’air vivace du matin rosissait légèrement.
Valkyrian était tout juste majeur, et faisait son âge si l’on se référait à la fraîcheur qu’il dégageait. Sa carrure prometteuse laissait cependant déjà penser de lui qu’il ferait un combattant habile dont il faudrait se méfier si on lui était opposé d’une façon ou d’une autre. Il était déjà un combattant émérite. Suffisamment fort et rusé pour ce qu’elle attendait de lui.
Ce soir pourtant, elle savait que quelque chose n’allait pas comme elle avait prévu.
«- Tu ne sembles pas encore prêt, nous allons remettre cela au mois prochain.»
Elle avait parlé lentement, d’une voix monocorde et douce, mais pourtant suffisamment autoritaire pour que Valkyrian cesse immédiatement tout mouvement. Après un moment, il redressa la tête, avala difficilement le morceau de chevreuil qu’il avait dans la bouche et toisa sa mère avec étonnement.
Yveen faisait tourner d’un geste lent le vin dans le grand verre en cristal, faisant danser des reflets pourpres sur son visage pâle. Ses yeux tels deux émeraudes, bordés de longs cils noirs, semblaient perdus dans l’épais breuvage. Elle portait une robe de soie rouge-sang très élégante et légèrement décolletée, laissant deviner des formes subtiles dont la lumière du feu faisait danser les ombres. Ses cheveux noirs, coupés en un carré précis venaient frôler ses épaules alors qu’elle inclinait doucement la tête contre le cuir du fauteuil.
Valkyrian la regarda plus intensément, tentant de figer cette image de sa mère dans sa mémoire, comme pour pouvoir s’en souvenir, plus tard. Sa mère était jeune, on aurait pu croire qu’ils étaient frère et sœur. Elle l’avait enfanté très tôt, il le savait, mais ça n’avait pas altéré sa beauté naturelle, au contraire. Il avait vu une photo de sa mère, avant sa naissance, mais il la trouvait plus belle aujourd’hui. Plus impressionnante aussi. Décidée et
résolue.
- Mère, je suis prêt, c’est juste que partir d’ici m’est douloureux. Dit il après avoir mûrement réfléchi aux mots à prononcer. Vous laisser ici, avec comme seules compagnes la solitude et la peur, m’est encore plus pénible.
Yveen ri aux éclats en entendant ces mots.
- En effet mon fils, tu es prêt. Tu mens assez bien pour te faire accepter par "Eux".
Elle bu une nouvelle lampée de vin et ajouta, se penchant vers Valkyrian.
Mais n’en fait pas trop. N’oublis pas à qui tu auras à faire. Ces gens sont l’incarnation du mensonge, de la trahison, de l’ambition et de la flatterie. Tu devras agir avec tact, mettant en oeuvre tout ce que nous avons appris ensemble pour te rapprocher d’Endemyon, et il te faudras monter les barreaux de l’échelle un à un, lentement.
Yveen avait parlé avec énergie, se laissant emporté quelque peu. Elle reprit ses esprit avant d’ajouter en plissant légèrement les yeux.
Et quand tu seras aux côtés d’Endemyon et qu’il te prendra pour fils, alors, tu pourras dévoiler ta véritable identité. Et ce jour venu, je serai là, dans l’ombre, assistant à la honte qu’aura ton père, ce chien de Norasma, quand il apprendra qu’il a un fils, toi, et que tu as accompli ce que lui n’a jamais été capable de faire : se faire aimer d’un père.
Elle eut un nouveau rire, plus fort, qui glaça l’espace d’un instant le sang de Valkyrian. Le jeune Elfe se leva de son siège lentement, comme s’il portait maintenant le destin de deux personnes sur ses épaules. Il prit son verre et, regardant sa mère avec émotion, dit :
- Mère, buvons à notre réussite !
Yveen, qui restait assise, contempla son fils avec un sourire de satisfaction. Elle prit son verre à son tour et ajouta, avant de le vider d’un trait :
- Je vais boire à notre vengeance, mon fils. A notre subtile vengeance.
Il était parti dans la nuit son paquetage sur les épaules en direction du sud, sous la pluie qui n’avait pas faibli. Il avait quitté la chaumière sans se retourner, sans embrasser sa mère qu’il n’avait pas recroisé depuis le repas du soir.
Deux jours plus tard, le ciel s’était dégagé et une lune ronde surplombait Valkyrian alors qu’il remontait la large allée menant à la Tour Blanche.
Il était sobrement vêtu d’une tunique sombre en cuir épais portant la marque des Chevaliers de sang, mais pas d’affiliation à une maison, sans autre artifice qu’une bague certie d’un rubis opaque qu’il porte au pouce de la main gauche.
Un petit sac sans ornement, en cuir fatigué par le temps et usé par les voyages pendait en bandoulière, lui ceinturant le torse. Alors qu’il marchait, le battant du sac se souvelant laissait entrevoir la reliure d’un carnet noir, perdu entre divers rouleaux de parchemins, quelques petits outils dont une boite ouvragée, et une multitude de petites pierres ramassées au grès des chemins parcourus.
La lourde porte était encadrée par deux gardes somnolants. Valkyrian s’arrêta devant eux et s’annonça sous un nom qui n’était pas le sien :
- Je me nomme Valkyrian Sag’Avël, je viens vous proposer ma vie en tant que Chevalier de Sang, dans la garde de la maison Cornaline...
Sujet: BG de Valkyrian Cornaline sur CDO 
Mar 5 Juin 2007 - 16:55
